Accueil > Les disciplines > Français > La part du rêve au club lecture

La part du rêve au club lecture

La séance du 14 février fut consacrée au rêve.
Espace privilégié de l’imaginaire, le rêve est aussi une activité psychique qui a toujours bénéficié d’un statut particulier : moyen de communication surnaturel, prémonition, discours de l’inconscient... à chaque époque et à chaque culture son usage du rêve !

En littérature, on le retrouve dans les textes fondateurs, quand les dieux envoient des rêves aux hommes. C’est par exemple le cas d’Outa Napishtim, dans L’épopée de Gilgamesh, qui est averti de l’imminence du Déluge par un rêve. Dans Les métamorphoses d’Ovide, Junon utilise le rêve pour annoncer à Alcyone la mort de Ceyx : le malheureux mari noyé apparaît à Alcyone, et lui demande en songe de tout faire pour lui organiser des funérailles.
Plus récemment, le rêve comme medium est un thème exploité par la littérature fantastique et la littérature d’horreur. Référence en la matière, The Shining, de Stephen King, dans lequel tous les personnages rêvent et communiquent avec l’au-delà, pour le meilleur et pour le pire... Au croisement du fantastique et du merveilleux, Le Golem et le Djinn, d’Helene Wecker, accorde une large part au rêve. C’est en effet sa capacité à investir le rêve qui embarque le djinn dans une aventure de plus de mille ans, tandis qu’à l’autre bout de la chaîne, c’est par le rêve qu’un être maléfique suit pas à pas les errances d’un golem.

Les rêves prémonitoires ont aussi une grande place dans les œuvres. On peut penser aux rêves de Pharaon, interprétés par Joseph dans L’Ancien Testament, ce qui sauve l’Egypte de la famine.
L’idée que le rêve peut être interprétée est donc ancienne. A l’époque moderne, elle a été théorisée par Sigmund Freud dans L’interprétation des rêves. Dans Le dernier songe de Lord Scriven, d’Eric Senabre, c’est en rêvant que le détective Banerjee résout les énigmes : le rêve réagence de manière symbolique le récit des témoins et une bonne interprétation conduit à la vérité.

Enfin, le rêve se prête à la littérature par son rapport ambigu à la réalité. Ainsi, dans Victoria rêve, de Timothée de Fombelle, bien malin qui pourrait dire d’où surgissent les événements surprenants qui bousculent la vie de l’héroïne. Dans Le rêve de l’escalier, de Dino Buzzati, c’est un étrange fabriquant de rêves (et de cauchemars) qui nous raconte ses exploits, aux dépens des récipiendaires !

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce thème, notamment au chapitre des écrivains qui s’appuient sur leurs propres rêves pour écrire. Mais le 7 mars, nous parlerons plus largement de nos lectures de vacances.