Accueil > Les disciplines > Français > Vengeance !

Vengeance !

Grand débat, pour commencer, sur la question suivante : qui se venge ? Le "gentil" auquel on s’est attaqué ? Ou le "méchant" qui ne pardonne rien ? Ce dernier se venge avec cruauté... Mais le "gentil", concluons-nous, est capable de devenir méchant quand vraiment son ennemi va trop loin, ou s’attaque à des êtres chers. Seulement, cette transformation lui prend du temps ! C’est, avec la nécessité de préparer dans ses moindres détails une opération vraiment réussie, ce qui explique que l’on mette longtemps avant de tirer vengeance d’une offense, et que la vengeance soit un plat qui se mange froid. Plus que d’autres peut-être, la vengeance est un sentiment qui dure.
Les histoires de vengeance ont quelque chose de terrifiant, dans la mesure où elles révèlent le mal que des femmes et des hommes ordinaires, et même bons, peuvent en venir à commettre. Leur personnalité se transforme.
Le premier titre qui a surgi est celui de Harry Potter : nous ne nous sommes pas attardés car il revient souvent ! Mais juste assez pour remarquer que Voldemort cherche à se venger surtout parce que son orgueil et son amour-propre ont été blessés, et parce qu’il a peur.
Plongeon, ensuite, dans l’Antiquité, qui a bien des vengeances à offrir, pour parler d’Hercule, ce demi-dieu fils de Jupiter et d’Alcmène. Héra, l’épouse légitime, cherche à se venger de lui dès sa naissance : elle envoie deux serpents tuer le nouveau-né. C’est alors qu’il montre pour la première fois sa force extraordinaire en les étranglant.
Héra ne s’arrête pas là, mais (la vengeance étant un plat qui se mange froid !) elle attend : et c’est seulement une fois qu’Hercule est devenu adulte, marié et même père, qu’elle envoie sur lui la plus terrible des vengeances. Elle le rend fou, si fou qu’il tue sa propre femme et ses propres enfants. Les fameux douze travaux lui seront imposés en punition de ce crime dont il est coupable sans être responsable...
Le pauvre n’en a pas fini d’être la victime de vengeances qu’il ne s’attire jamais par ses actes mais par sa seule existence : un centaure, Nessus, tenta un jour d’enlever Déjanire, la seconde femme d’Hercule. Ce dernier l’abattit d’une flèche. Le centaure plein de fourbe fit croire à Déjanire que si elle prélevait de son sang avant qu’il ne meure, elle pourrait l’utiliser pour retrouver un jour l’amour de son mari si jamais il la délaissait. Déjanire n’oublia pas, et croyant un jour qu’Hercule en aimait une autre, elle enduisit une tunique magnifique du sang de Nessus, puis l’offrit à son mari. L’ayant revêtu, Hercule fut saisi d’une douleur si épouvantable qu’il demanda à Déjanire d’allumer un bûcher où il se jeta pour mourir, seule manière d’échapper à l’atroce souffrance. Méfiez-vous des centaures amoureux...
Autre best-seller parmi nos jeunes lecteurs, Matilda, de Roald Dahl, nous permet évoquer les vengeances drôles ou plus cruelles de cette petite fille aux pouvoirs magiques, affublée de parents indifférents, voire méchants, et qui enduit par exemple l’intérieur du chapeau de son père de colle...
Le Bossu, grand roman de cape et d’épée de Paul Féval, retrace l’histoire pleine de rebondissements de Lagardère, un jeune bretteur. Désireux de combattre le duc de Nevers, Lagardère apprend par hasard qu’il se trame contre Nevers un complot : le duc est assassiné dans un traquenard par son rival en amour, le duc de Gonzague. Lagardère prend sa défense ; il parvient à blesser l’assassin et s’écrie ces mots devenus célèbres : " Qui que tu sois, ta main gardera ma marque. Je te reconnaitrai. Et, quand il sera temps, si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! " La suite se passe bien plus tard : la petite Aurore, ce bébé que Nevers avait eu d’un mariage secret avec la femme que Gonzague lui disputait, a bien grandi...et la vengeance est proche !

Le thème de la vengeance en littérature a suscité tant d’idées qu’il sera prolongé la semaine prochaine.