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Poésie !

Qu’est-ce que la poésie ?
Quelque chose qu’on récite ;
Qui exprime le monde,
Qui provoque en nous des sentiments variés (tristesse, joie) ;
Qui parle de la nature ;
Qui se présente sous forme de vers et de strophes ;
Qui peut-être très long ou très court :
voici nos premières réactions. Nous nous sommes aussi dit que la poésie faisait la même chose que d’autres textes : on peut argumenter, raconter, appeler à la révolte, ou se faire passer pour quelqu’un d’autre, en poésie. Qu’a-t-elle donc qui la rende un peu différente ? C’est une écriture qui suggère plutôt que de dire explicitement ; de plus elle cherche à jouer sur les sons et les rythmes pour créer de la musique.
"Café du matin" de Jacques Prévert, étudié par certains en 6e, évoque un quotidien banal, tout racontant un événement très triste. Ce poème repose sur une surprise finale.
"Le Cancre", de Prévert encore, connu de tous, nous présente un élève insupportable, mais dont l’apparence est trompeuse : au fond il est triste, et à la fin du poème il se transforme et laisse libre court son désir de liberté et de joie.
"Melancholia" de Victor Hugo, est très émouvant puisque ce poème évoque des enfants exploités et misérables.
Avec Tibulle, auteur latin né vers 50 avant J-C, nous découvrons que la poésie est très ancienne. Et que le latin, c’est vraiment beau ! Même quand il s’agit élégies, c’est-à-dire de poésie exprimant une plainte.
Un grand poète que tout le monde connaît au collège, sans le savoir , c’est Ovide : les célèbres Métamorphoses sont un grand poème. Les éditions françaises le traduisent en général sous forme de prose (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de vers), tout simplement parce que la traduction est difficile, et que s’il fallait en plus respecter la rime et le décompte des syllabes français, cela deviendrait bien compliqué. Ovide a également écrit des poésies amoureuses magnifiques, comme Les Amours : notamment cette histoire des amours d’un fleuve avec Ilia, la mère de Romulus et Rémus. "Ilia, cesse de craindre...".
Franchissons les siècles : avec Francis Ponge, qui s’attache à décrire les objets de manière à la fois très précise et très imagée, pour nous faire changer de regard sur ce qui nous entoure, nous assistons à la métamorphose du "Pain", dans Le Parti-Pris des Choses : la croûte ressemble à des montagnes, la mie, à un éponge elle-même constituée de myriades de petites feuilles... Cet auteur a la particularité d’écrire des poèmes en prose, sans vers. La poésie tient à la musique, à la surprise, au dépaysement que font naître les images.
André du Bouchet est un poète français mort il y a une vingtaine d’années : il joue non seulement avec les sons et les rythmes, mais encore avec la disposition des mots sur la page. Dans Une Tache, par exemple, un poème parle de l’intermittence et les vers laissent entre eux, de temps en temps, de grands espaces, comme pour recréer, par le vide de la page, l’intervalle de l’intermittence. Le support a donc toute son importance, et nous avons pu regarder attentivement le papier "vélin" épais et blanc crème, de l’édition apportée par Mme Catalan.
Retour en arrière : nous voici au XVIIe, une période où en Europe on est fasciné par la passage, la fluidité du monde, le caractère éphémère de toute chose. Il s’agit soit de s’émerveiller devant la beauté du monde, si parfaite et si transitoire (les bulles de savon, l’eau qui coule, les papillons et les oiseaux qui volent, les fleurs qui s’ouvrent), soit de se préparer à la mort, qui guette aussi bien les fleurs, destinées à se faner, que l’homme. Nous avons lu un poème de Saint-Amant, "L’hyver des Alpes", décrivant la neige qui scintille avec des "étincelles d’or, d’azur et de cristal" tandis que la neige ressemble à un "second métal".
Nous terminons avec Goethe, un poète allemand du XVIIIe-XIXe siècle, qui dans Le Divan, imite la poésie orientale, transformant la femme aimée en "Souleika" et prenant lui-même le nom d’un poète persan.