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Musique !

Le thème pour le vendredi 12 octobre : des livres qui parlent de fratries (c’est-à-dire) des rapports entre frères, soeurs, ou frères et soeurs !

Au programme, cette semaine : les livres ayant donné lieu à des adaptations musicales. Dès que l’on pense à l’opéra, on se rend compte qu’ils sont très nombreux... mais nous avons aussi découvert des inspirations littéraires dans des styles de musique beaucoup plus contemporains.
Pour commencer, remarquons qu’une telle transposition exige souvent des modifications. Il n’est pas toujours possible de conserver tous les personnages, il faut souvent simplifier : le compositeur fait des choix et exprime sa propre interprétation de l’oeuvre de départ, dans la nouvelle création. La démarche est donc bien différente de celle qui préside à la mise en musique d’un poème.
Certaines œuvres sont d’ailleurs désormais mieux connues par leur adaptation musicale : c’est le cas de La Traviata de Verdi, initialement intitulé L’amour à mort et inspiré de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Cette œuvre raconte comment une courtisane renonce à l’amour de sa vie pour préserver l’honneur de la famille de son amant. Un sacrifice d’autant plus grand qu’elle est très malade et se retrouve seule… "Traviata" - la dépravée en français - insiste sur le regard que la société portait sur ce genre de femmes. https://www.youtube.com/watch?v=eAOlnQpueO8
On pense aussi à Carmen, nouvelle de Prosper Mérimée (1845) dont Georges Bizet a fait, 30 ans plus tard, un opéra aux airs célèbres ("L’amour est enfant de Bohême..." https://www.youtube.com/watch?v=pUCvo1LDdLE). A une époque où les voyages sont encore relativement rares, le Sud de l’Europe semble exotique : c’est à Séville que Mérimée situe l’action de ce petit drame centré autour du personnage de Carmen, une cigarière qui joue de sa beauté pour attirer des hommes dont elle finit par se lasser : ainsi de Don José, un brigadier qu’elle ensorcelle, qu’elle force à manquer à son devoir puisqu’il la laisse s’évader alors qu’il doit la mettre en prison, et qu’elle rend fou de douleur en se donnant ensuite à un torero.
Amour encore, mais mutuel et rendu éternel par la mort : celui de Roméo et Juliette, tel que Shakespeare l’a mis en scène dans la pièce éponyme, reprise à l’opéra par Charles Gounod ("Je veux vivre dans un rêve..." https://www.youtube.com/watch?v=VRSuDdD-fS0), et en ballet par Serge Prokofiev. Vous avez sûrement entendu, peut-être sans le savoir, la célèbre scène du bal de ce ballet (https://www.youtube.com/watch?v=-mjPmSadubI). C’est la rencontre entre les deux jeunes gens, signalée par une musique douce et onirique à laquelle s’oppose un thème menaçant qui annonce l’issue tragique de cette passion entre deux êtres séparés par la haine qui divise leurs familles. Dans un tout autre style, la déclaration d’amour entre Juliette à son balcon et Roméo qui l’écoute dans la nuit, a été reprise de manière parodique par Claude Nougaro dans "Je suis sous ton balcon" (https://www.youtube.com/watch?v=-BoR7V6oLKw). Soyez attentifs aux jeux de mots ! Nougaro qui a par ailleurs été très sérieusement inspiré par l’Othello du même Shakespeare, dont il a fait une chanson à faire frémir, "Jalousie" (https://www.youtube.com/watch?v=HCjOpFL7eCs).
Et pour poursuivre avec Shakespeare, évoquons le jazz puisque Duke Ellington, grand pianiste de jazz américain, a dédié un de ses albums à Shakespeare. le titre, Such Sweet Thunder est une citation d’Othello (https://www.youtube.com/watch?v=McGysWP0Jzo) : ces douze pièces évoquent des personnages shakespeariens, notamment Othello, Macbeth, les sorcières, Puck du Songe d’une nuit d’été et Jules César...

Le genre récent de la fantasy a aussi ses compositeurs, pour beaucoup issus du metal et de ses représentations spectaculaires : Blind Guardians, un groupe allemand de power metal, a dédié au Silmarillon de J. R. Tolkien un album entier intitulé Nightfall in Middle-Earth, qui évoque les mythes originels et les temps primitifs du pays inventé par Tolkien (https://www.youtube.com/watch?v=IoyToHOWSV8).
Assassin Royal, la série de fantasy de Robin Hobb, que nous recommandons aux lecteurs-dévoreurs, a aussi son incarnation musicale sous la forme de la Ballade (à ne pas confondre avec la promenade, ou balade) du héros, écrite par le groupe néerlandais de metal symphonique Within Temptation : "Hand of Sorrow" (https://www.youtube.com/watch?v=TDhbewTR_vg). Fitz Chivalry est le bâtard d’un fils de roi. Comme tel il est tenu à l’écart, jusqu’au jour où son grand-père lui propose de subvenir à tous ses besoins et de s’occuper de lui.... en échange de son service plein et entier. Il devient l’assassin du pouvoir.... Un univers de fantasy sans bêtes imaginaires ni pouvoirs spectaculaires, mais où certains personnages sont doués de puissance télépathique.
Retour vers des terres plus proches — quoique — avec la Russie du XIXe siècle, où un jeune dandy saint-pétersbourgeois rejette avec désinvolture la déclaration d’amour de la belle et pure Tatiana ; bien pis, il flirte, lors d’un grand bal campagnard, avec Olga, la soeur de Tatiana , fiancée à son propre ami Lensky. Un duel s’ensuit avec Lensky, qui est tué. Des années plus tard, Eugène Oneguin, c’est le nom de notre héros, revoit Tatiana. Mariée à un homme plus âgé, elle occupe un rang élevé dans la bonne société. Oneguin se rend compte, trop tard, qu’il a laissé passer l’amour de sa vie. Tatiana, qui l’aime toujours, refuse cependant de lui céder et demeure fidèle à son mari. Grand roman en vers de Pouchkine, classique de la littérature russe, Eugène Oneguin a été adapté par Tchaikovsky, et l’opéra a lui-même donné lieu, en 1965, à un ballet de John Cranko : magnifique. L’air de Lensky est un des plus beaux de l’opéra (https://www.youtube.com/watch?v=P_jdmbtt4Ds).