L’amitié est un thème récurrent en littérature, et les participants du club lecture ont bien compris pourquoi. Ce sentiment souvent très fort peut évoluer, dans un sens ou dans l’autre, vers l’amour pourquoi pas, ou bien vers la haine. A cette labilité s’ajoute l’intérêt de comprendre comment une amitié voit le jour et se construit : cherche-t-on son semblable, ou bien un complémentaire ?
Enfin, des amis forment des héros passionnants dans une intrigue qui peut mettre leur relation à l’épreuve, ou bien s’appuyer sur elle pour faire avancer l’aventure.

Certaines œuvres sont emblématiques de l’amitié en littérature. On pense bien sûr au duo formé par Astérix et Obelix, de Goscinny et Uderzo, deux Gaulois inséparables au profil complémentaire, ce qui forme souvent le moteur de leurs aventures. Autre référence incontournable, Les trois mousquetaires de Dumas. Le titre annonce un trio qui est en fait un quatuor de héros, dévoués les uns aux autres autant qu’au service du roi, ce qui les conduit dans des aventures où intérêt public et personnel sont liés plus souvent qu’à leur tour. Les élèves de Poudlard dans Harry Potter, de J.K. Rollings, ont rejoint ce panthéon des amitiés héroïques en littérature. Autour de Harry, on pense bien sûr à Hermione et à Ron, mais certains personnages secondaires s’intègrent au trio, telle Louna, un personnage marginal au début de la série, dont les pouvoirs et la bonne volonté lui gagnent bientôt l’amitié de tous.
La complémentarité est certainement ce qui explique l’amitié improbable entre Arthur et Robbie dans Ma vie de grand et parfait génie incompris, de Stacey Matson. L’un est un fayot, l’autre un cancre, mais tous deux cachent une détresse qu’ils vont finalement affronter ensemble.

D’autres livres récents écrits spécialement pour les adolescents explorent les épreuves auxquelles peuvent être confrontés des amis, dans une version radicale du récit de formation. C’est le cas dans Hunger Games, de Suzanne Collins : dans ce monde cruel qui pousse les jeunes gens à s’entre-tuer dans une arène, Katniss et Peeta, excellents amis, se trouvent plus d’une fois face à face à jouer leur vie. L’amitié unit aussi les héros de Cherub, de Robert Muchamore. James, Kyle, Kerry et les autres ont été recrutés par Cherub en raison de leurs profils complémentaires, terreau d’actions efficaces, mais aussi de relations houleuses dont les 17 tomes de la série se font l’écho. Labyrinthe, de James Dashner, consacre aussi de longues pages à l’amitié : parce que pour survivre dans l’enfer du labyrinthe ; James et les autres jeunes vont devoir s’allier, des amitiés vont naître, qui peuvent même conduire jusqu’au sacrifice. Moins sanguinaire, mais aussi inquiétante, la série BD Seuls, de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti met en évidence la dimension vitale de l’amitié. C’est en effet elle qui permet aux cinq héros, survivants d’une mystérieuse catastrophe, de tenir bon dans les limbes. Enfin, la série Real Life, développée par un collectif de scénaristes et illustrateurs, met en scène trois amies très unies malgré leurs différences. Mais leur intérêt pour le même garçon, qui correspond exactement au profil du garçon idéal qu’elles ont créé ensemble, sème discorde et jalousie entre elles...
Mais la mise à l’épreuve n’est pas qu’une affaire d’ados. Dans Art, la célèbre pièce de Yasmina Reza, ce sont trois amis adultes qui doivent faire face à des dissensions soudain exacerbées par... l’acquisition par l’un d’eux d’un tableau blanc.

Certains écrivains vont de leur côté explorer le domaine des amitiés atypiques. Ainsi, Henri Bosco dans L’enfant et la rivière, raconte la rencontre imprévisible de Pascalet, un enfant sage parti à l’aventure au fil de l’eau, et de Gatzo, enfant perdu et kidnappé qui entretient un autre rapport au monde. Io Chiara e la luna, de Daniele Nicastro met en présence un adolescent qui, pour s’intégrer à une bande, accepte de s’introduire pas si abandonnée... Il y découvre Chiara, une jeune fille qui ne peut s’exposer à la lumière du jour, et décide de lui venir en aide.
L’amitié entre humains et animaux a aussi inspiré la littérature. C’est cette relation inattendue qui est au cœur de Sirius, le roman d’anticipation de Stéphane Servant : sur une terre dévastée, l’amitié instantanée et viscérale entre un petit garçon et un porcelet va tout changer...