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Les Animaux et nous

Vendredi 23 novembre : un livre sur la guerre !

La semaine dernière nous avons parlé des animaux dans les livres. Vaste sujet ! Les animaux ont été pendant longtemps, aux débuts de l’histoire de l’humanité, très proches, trop proches... En témoigne l’art pariétal (celui des grottes préhistoriques) qui a commencé par représenter des animaux. Ennemis, vivant sur les mêmes territoires que l’homme, puis peu à peu domestiqués, devenus pour certains les "meilleurs amis de l"homme", comme on peut le dire des chiens ou des chevaux, les animaux représentent à la fois la sauvagerie et parfois une forme troublante de proximité. Des totems aux blasons médiévaux, en passant par les dieux animalisés de l’Egypte, leurs caractéristiques inspirent les hommes et peuvent devenir des modèles, et en certaines situations des sauveteurs, ou des sauveurs. Aujourd’hui ils sont dominés ou relégués dans des espaces séparés. Tous ces éléments en font un élément privilégié d’histoires qui vont explorer la relation entre l’homme et cet autre.
Nous avons commencé par L’Histoire de Pi, de Yann Martel, livre connu par son adaptation filmographie sous le titre de L’Odyssée de Pi, qui met en scène un jeune garçon, Piscine Molitor de son prénom, Pi pour faire court, dont la famille migre d’Inde au Canada en compagnie de quelques uns des animaux qui faisaient partie du zoo dont s’occupait le père. Le début du livre comporte d’ailleurs une réflexion intéressante et amusante sur la vie des animaux dans les zoos. Le navire qui les transporte coule : Pi se retrouve seul en mer sur un cabot de sauvetage ; seul ? Pas vraiment puisque quelques animaux le rejoignent, dont.... un tigre. A lire !

Pour passer du plus dangereux (le tigre) au plus petit (une araignée), une histoire, rapportée par l’abbé d’Olivet dans son Eloge de Pelisson, vaut d’être racontée : Pelisson, homme de lettres du siècle de Louis XIV et ami du célèbre Bouquet, partagea sa disgrâce et se retrouva à la Bastille pendant quatre ans. Il y noua amitié avec une araignée, seule créature avec laquelle partager sa solitude, et qu’il avait apprivoisée en jouant de la musique. Un jour le gouverneur de la prison écrasa sciemment la petite bête. Il semble que louis XIV lui ait alors retiré son poste.

Joseph Kessel, romancier du XXe siècle, a beaucoup voyagé. Ses récits inoubliables mettent souvent en scène des animaux, et nous en avons retenu deux :
 Le Lion se passe dans une réserve kenyane. Patricia, la fille de l’administrateur du parc, élève un lionceau avec lequel elle développe une véritable amitié. Lorsque ses parents lui interdisent de continuer à voir King, son lion devenu grand et à leurs yeux, dangereux, Patricia passe outre. Ce conflit familial est doublé d’un conflit extérieur puisqu’un jeune guerrier masaï, amoureux de Patricia, décidé de tuer King pour accomplir ainsi le rite de passage qui fera de lui un homme dans sa tribu.
 Les Cavaliers a pour théâtre l’Afghanistan, un pays qui a fasciné Kessel. Les héros sont un cheval, dont le nom, Jehol, signifie "le cheval fou", et son cavalier, Ouroz, un maître dans un jeu afghan, le bouzkachi, où plusieurs s’affrontent à cheval autour d’une carcasse de bouc qu’il faut arriver à poser à un endroit précis. Ouroz perd le premier bouzkachi national et se casse une jambe : d’autant plus furieux que le gagnant a remporté la victoire en sautant sur Jehol, il fuit l’hôpital et entreprend le long voyage de retour chez lui, à cheval sur Jehol et accompagné de son palefrenier. Consumé par sa défaite, orgueilleux et manipulateur, Ouroz va mettre en jeu sa propre vie, celle de son cheval et celle de son palefrenier pour ne pas s’avouer vaincu.

Nous avons bien sûr pensé au Livre de la Jungle, qui avant d’être une adaptation de Disney, est un livre publié en 1894 par l’auteur anglais Rudyard Kipling. En plusieurs nouvelles, il nous raconte l’histoire d’un enfant élevé par les loups, et qui développe des capacités animales. Les animaux parlent : on appelle anthropomorphisme le fait que des choses ou des êtres non humains se voient doués de caractéristiques humaines.

Les recherches de Michel Pastoureau sur les animaux dans l’histoire nous ont énormément intéressés. A plusieurs reprises et notamment dans Les Animaux célèbres, cet historien raconte comment, au Moyen-Âge, les animaux pouvaient être accusés puis jugés au cours de procès. Un animal (chien, renard) qui aurait blessé ou tué un enfant, par exemple, ou bien un insecte responsable d’une mort, ou encore ce cochon criminel qui tua le Dauphin de France, fils de Louis VI le Gros, en 1131, parce qu’ayant déboulé dans les pattes de son cheval il le fit tomber. Pour en savoir plus, consultez Le Roi tué par un cochon !
Nous sommes passés rapidement sur le petit cheval de Yakari, BD de Job, Derib et Dominique, sur l’histoire d’amitié de Belle et Sébastien, livre de Cécile Aubry, sur les chouettes, les hippogriffes et les araignées géantes de Harry Potter, de J. K. Rowling, et sur Zarafa, un dessin animé évoquant la girafe offerte en 1827 par le vice-toi d’Egypte au roi de France Charles X, et pour terminer nous sommes revenus à un livre qui revient souvent au Club Lecture cette année : dans Assassin Royal, de Robin Hobb, le héros, ce bâtard nommé Fitz, a le pouvoir de vivre, même à distance, en symbiose avec certains animaux. Il se met alors à percevoir et à ressentir les mêmes choses qu’eux. Pratique ou amusant, en apparence : en réalité, ce pouvoir appelé le Vif est très mal vu, et ceux qui le possèdent peuvent être mis à mort. On considère non seulement qu’il relève d’une sorte de sorcellerie mais surtout qu’il est malsain car il conduit ces êtres humains à se rapprocher trop de l’animal, à se dégrader. Fitz le cache donc, mais il a du mal lui-même à le contrôler. A lire, pour voir si le héros saura se réserver, voire utiliser ce pouvoir à bon escient, dans un royaume menacé par des ennemis impitoyables.